Fraction : début de ma descente dans les méandres de l’EroGuro

Amateur de films d’horreur, de trash de gore et d’un peu tout ce qui choque, il était tout naturel pour le passionné de manga et d’anime que je suis de me tourner vers l’Ero Guro, genre malheureusement trop peu connu par chez nous, à tel point que la plupart des manga de ce genre sont édités par des petits éditeurs indépendants (qui sont d’excellents éditeurs), ce qui au passage est cool puisque la qualité en général (livre en lui même et traduction) est souvent d’excellente facture.

Fraction est la première oeuvre d’EroGuro (mélange d’érotisme et de grotesque) que je lis et pour être encore plus précis, c’est la première fois que je lis un manga de Shintaro Kago, auteur spécialisé dans le genre dont raffole l’ami Meloku (il en parle ici dans « 10 mangas d’horreur à ne pas lire avant de dormir », la dans « Comment lire du Shintaro Kago en 2015 quand on ne parle que français ? » ou encore ici dans « Les nouveautés manga de 2015 en 7 thématiques », des articles que je vous recommande fortement vu qu’ils m’ont moi même donné envie de m’y mettre !

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Avant de parler de l’oeuvre en elle même, il est intéressant de parler un peu de ce qu’est l’EroGuro, un mouvement artistique qui ne date pourtant pas d’hier. C’est presque au début du 20ème siècle qu’il est apparu, mélant l’érotisme au macabre et grotesque. Quand on parle d’EroGuro, il y a un auteur qui vient forcément aux esprits, Edogawa Rampo qui est d’ailleurs souvent considéré comme le père fondateur du genre grâce à ses romans ayant été adapté en manga pour certains par Suehiro Maruo (que je n’ai pas encore eu l’occasion de lire à mon plus grand regret).

Fraction est une oeuvre mêlant enquête policière, mystère et meurtres ultra violents et gores. Les victimes d’un serial killer sont retrouvés démembrés, retournés, bref dans un sale état qui comblera les fans d’EroGuro car oui l’absurde tient une place prépondérante dans l’histoire qui va tout simplement partir en couille sévèrement, impossible à deviner au fur et à mesure des chapitres qui alternent différents points de vue de personnage autour de la même histoire.

L’auteur, Shintaro Kago, apparaît en tant que personne dans son propre manga avec exactement le même nom, sa profession de mangaka spécialisé dans l’EroGuro et la façon dont il brise le quatrième mur sans véritablement le faire est juste géniale. Monsieur Kago nous explique dans son manga avec son propre personnage ce qu’est la manipulation narrative et je dois avouer que j’ai trouvé ça passionnant putain !

Photos crédits : http://kankant.blogspot.fr/2013/04/final-art-review.html

Il n’a suffit que de quelques pages supplémentaires après ce début d’explications pour que j’applaudisse Shintaro Kago qui a mis à exécution depuis le début du manga le concept qu’ils nous explique tranquillement au sein même de celui-ci. Cela relève presque du génie et c’est à partir de ce moment là (moitié du manga) que ça commence enfin à devenir véritablement de l’EroGuro !

Le début du manga n’est pourtant pas mauvais, c’est juste qu’il faut arriver à la moitié pour enfin comprendre ce début qui paraît un peu long et parfois inintéressant. On se rend juste compte que l’auteur nous manipule depuis le début et c’est vraiment très agréable, enfin un auteur qui fait autre chose que du déjà vu maintes et maintes fois !

Mais l’une des autres forces de Fraction réside dans ses références en pagaille tout au long du manga qui sont d’ailleurs tellement nombreuses qu’il y a un lexique de celui-ci en plein milieu qui regroupe les répliques cultes, l’origine des références ainsi que certains codes typiques du genre qui s’étalent de George Roméro à Lucio Fulci en passant par Don Taylor alors autant dire qu’il y a du niveau et que pour l’oeil amateur, le lexique est le bienvenu !

A la fin de Fraction, se trouve également plusieurs récits très courts, à peine quelques pages ou l’auteur étale son talent en matière de narration (difficile sur peu de pages de faire quelque chose de concret) mais surtout de dessins qui sont tout simplement terribles. Mais ce qui m’a le plus plu, c’est vraiment le côté grotesque détourné d’éléments sérieux que sont la mort, le sexe et les mutilations, ce qui est presque un tour de force !

Photos2crédits : http://kankant.blogspot.fr/2013/04/final-art-review.html

Cette mise en bouche qu’est Fraction sur mon chemin en quête d’EroGuro à réussit à me surprendre par bien des points, en particulier la narration que j’ai trouvé doublement intéressante par le fait qu’elle soit à la fois atypique et expliqué par un personnage à l’intérieur du manga !

Le seul regret que je retiendrais de cette introduction à un style qui m’était (et qui m’est encore) méconnu est que j’ai trouvé Fraction trop sage et soft alors que je suis en pleine recherche de sensation forte hardcore, ce que je finirais bien par trouver en continuant à m’aventurer dans les méandres de l’EroGuro. Et puis on m’a chuchoté que je trouverais peut être mon bonheur dans le manga « Le Labyrinthe des rasoirs », par contre âme sensible s’abstenir !

Posté le 5 février 2016 à 13:30 par freedommaner

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