Les Pommes Miracle : one shot de chez Akata

Depuis quelques temps, j’achète de plus en plus de manga des éditions Akata qui n’arrêtent pas de me surprendre (en bien) avec des titres qui ne se ressemblent pas : Prisonnier Riku, un gamin qui se retrouve dans une prison et qui va en baver, Orange un shojo avec de la SF, Magical Girl of the End et l’invasion de lolita avec des grosses massues ou encore Les torches d’Arkylon le manga made in France. Tout ça pour dire que je pouvais bien me lancer dans l’achat d’un one shot qui parle d’un agriculteur voulant cultiver ses pommiers de façon naturelle, sans pesticides/produits chimiques.

C’est en 2004 que Tsutoma Fujikawa fait ses débuts en tant que mangaka dans le Young Jump Mankaku avec : « Yakiyun », « Nage, Hinano! » et « Gros con de Tsutomu ». Son manga les pommes miracles est basé d’après le livre documentaire du même nom de Takuji Ishikawa, qui a d’ailleurs écrit pas mal d’autres documentaires.

Le livre en lui même est de bonne qualité, pas si épais que ça mais ça reste plus que correct, en tout cas la qualité du papier est au rendez-vous, ainsi que la texture de la couverture que je trouve bonne. Seul le bandeau vert me rebute légèrement car généralement quand il y a une publicité avec un message, ça ne sent pas super bon mais ici ce n’est pas le cas et puis ce n’est pas un putain de stickers, ça se retire très facilement !


L’histoire se déroule dans les années 80-90, période ou l’agriculture bat son plein et utilise un peu tout et n’importe quoi niveau pesticides. Akinori Kimura a grandit dans les vergers de sa famille d’agriculteur, c’est un petit garçon qui préfère travailler à l’école plutôt que s’amuser comme beaucoup d’enfants. A côté de ça il aime beaucoup réparer les objets électroniques (radios, moteurs) et va même en fabriquer afin de mener des expériences car ce qu’il aime c’est découvrir comment la technologie fonctionne, enfin pas que la technologie mais aussi la biologie, la physique et les mathématiques. D’ailleurs son Grand Père va jusqu’à l’engueuler car il bosse,bricole trop et qu’un paysan ne devrait pas autant se soucier des études qui sont une perte de temps vu qu’il devra reprendre l’affaire familial. En parallèle de son enfance, on découvre le monde de l’agriculture, plus précisément de la culture des pommes dont les paysans du coin sont très contents car elle représente une bonne partie de leur revenu. Pour maximiser le rendement et la qualité, ils utilisent beaucoup de pesticides et c’est dans le manga représenté par une carte qui détaille quel pesticide utiliser à quel moment de l’année et d’après cette carte qu’on ne voit qu’une seule fois, on remarque qu’il y a énormément de produits à pulvériser toute l’année.

Malheureusement Akinori Kimura ne souhaite pas reprendre l’affaire familiale et devenir agriculteur et part donc chercher un emploi à la ville. Tout se passe parfaitement bien pour Akinori qui est fortement apprécié de ses collègues. Sauf qu’un jour, son frère qui a lui repris l’affaire le somme de revenir s’occuper de l’exploitation et c’est à partir de ce moment là qu’il commence à aimer l’agriculture qui était pour lui au départ un peu une perte de temps et d’énergie. Bien entendu il n’oublie pas sa passion pour le fonctionnement des choses qu’il ne comprend pas. D’un coup sa vie va basculer à cause d’une proposition de mariage avec une fille d’agriculteur, chose assez ahurissante maintenant mais à cette époque c’était assez courant. De fil en aiguille, Akinori se retrouve avec une superbe femme, ce qui n’est pas détaillé dans le manga qui se focalise vraiment sur Akinori et la culture des pommes biologiques. D’ailleurs on apprend au détour d’une page qu’ils ont des enfants, ce qui peut être assez étonnant mais montre aussi que le temps passe et les choses évoluent/grandissent. Un jour en travaillant dans leur verger avec les pesticides, la femme de Kimura se retrouve malade un peu plus longtemps que d’habitude car elle semble être allergique aux pesticides et ce sera le déclic pour notre cher Akinori Kimura : il va vouloir par amour pour sa femme et par conviction du bien fait du bio arrêter d’utiliser des pesticides mais plutôt utiliser des produits naturels faisant la même chose.

A partir de ce moment là, ce ne sont pas que les vergers qui sont concernés mais aussi toutes les autres cultures : riz, légumes qui après quelques expériences réussissent à être produits sans pesticides mais malheureusement ce n’est pas le coeur de l’affaire et ça ne rapporte pas assez pour en vivre. Comme par hasard les pommes représentant la source principale de revenu et sont également la seule chose qu’il narrive pas à produire sans pesticides. Il a beau chercher et réalisé un nombre impressionnant d’expériences au fur et à mesure des années, les affaires se dégradent et sa famille doit se serrer la ceinture. Le moral d’Akinori n’est pas au beau fixe et il est sur le point de tout arrêter mais sa famille le soutient de tout coeur. Malheureusement ça ne va pas suffir et il va même tenter de mettre fin à sa vie, seul moyen possible pour lui d’abandonner ses recherches sauf qu’il va justement à ce moment là trouver le moyen de ne pas utiliser de pesticides pour les pommiers ! Je n’ai pas lu le documentaire qui est disponible en anglais d’après la fin du manga mais on sent bien que l’histoire a été un peu changé à la sauce manga car c’est un peu gros quand on voit le soutient des personnes, voir même des banques qui ne réclament pas d’argent pour le laisser manger, chose qui n’arriverait certainement pas dans la vie réelle. Mais malgré ce petit côté conte idyllique, ça reste très sympa à lire !

Sauf que l’histoire ne s’arrête pas après avoir réussi à cultiver sans pesticide et il y a un autre problème de taille : Nous sommes habitués à manger des fruits et légumes qui sont « beaux », à l’aspect plus ou moins parfait grâce aux produits et pesticides utilisés mais les VERITABLES LEGUMES ET FRUITS sans pesticides (donc naturels) sont souvent moins beaux mais bien meilleurs au niveau du goût. Personne ne veut de ses pommes et il va devoir changer le circuit de distribution pour réussir à vendre ses pommes, chose qui ne sera pas non plus facile mais qui va finir par payer après avoir tant persévérer !

Je crois que c’est peut être un des oneshot que j’ai le plus apprécié, je n’ai pas rencontré de soucis de narration et tout s’enchaîne de façon très fluide sauf peut être quelques passages ou d’un coup il a des gosses. J’ai cru au départ avoir loupé un truc, genre 25 pages qui collent mais non c’est voulu et j’ai encore un peu de mal avec ce genre de chose dans les manga en général. Par moment Les Pommes Miracle est un peu trop idyllique genre vie parfaite et tout d’un coup c’est carrément le contraire mais qu’est ce que c’est bon ce genre de petit ascenseur émotionnel. On prend plaisir à suivre la vie d’Akinori Kimura : d’ailleurs on le voit grandir, au début il n’est qu’un enfant qui fait ses devoirs, touche un peu à tout puis il grandit et part à la ville chercher un emploi, revient, se marie, fais des gosses et vieilli. C’est juste magique de réussir à nous faire vivre tout ça dans un simple oneshot. J’en viens presque à regretter que c’est un one shot, j’aurais bien voulu en lire plus, genre 3 tomes pour que ce soit un peu plus détailler car parfois ça va quand même un peu vite. Bref les choix éditoriaux d’Akata sont vraiment plaisants et devient avec Ki-oon et un peu Kurokawa un de mes éditeurs préférés auquel je suis les news, les sorties un peu plus en détail que chez les autres éditeurs.

Posté le 16 mars 2015 à 16:00 par freedommaner

comments powered by Disqus